samedi 3 octobre 2015

Niyama (dans les Yoga Sūtra)

Selon les Yoga Sūtra, recueil d’aphorismes du rishi Patañjali, on recense huit « membres » (asht-anga), huit étapes fondamentales sur le chemin du Yoga : yama, niyama, āsana, prānāyāma, pratyāhāra, dhāranā, dhyāna et samādhi. Après yama, voici quelques mots sur niyama.




Niyama

Niyam signifie, entre autres « méthode, processus, discipline ». Les Yoga Sutrā de Patanjali recensent cinq niyama :

  • saucha : l’hygiène, la propreté, la pureté physique et mentale;
  • santosha : le contentement, parfois aussi traduit par « patience »; 
  • tapas : l’effort, l’ardeur spirituelle, l’ascèse; 
  • svādhyāya : littéralement « méditer sur soi »; la connaissance de soi, la conscience de soi;
  • īshvara-pranidhāna : littéralement « se consacrer au Seigneur »; la dévotion; demeurer en Dieu, en être un disciple, tout ramener au Divin.

Comme on l’a vu précédemment, les cinq yama sont les prérequis moraux qui dégagent notre intention initiale de tout fantasme, de tout espoir, de toute intention parasite de l’égo. Les yama régulent les mouvements psychiques des « cinq passions », afin qu’elles ne s’intègre pas à notre cheminement.

Les cinq niyama, quant à eux, proposent une discipline pour faire en sorte que notre intention demeure pure de toute corruption égotique tout au long du chemin. Et pour s’en assurer, il faut s’y appliquer chaque jour. De même que le corps se salit chaque jour, on le lave chaque jour ; il en va de même pour le mental subconscient. La discipline suggérée par niyama est donc quotidienne.

Ainsi, saucha nous purifie pour faire en sorte que notre désir, kām, transcende ses manifestations instinctives et deviennent un désir pur et puissant de s’unir au Divin, de se sentir appartenir à la Conscience Universelle (« longing to belong » selon l’expression de Yogi Bhajan).

Santosha, « se contenter de ce que l’on a et de ce qui est », laisse la voie à la juste compréhension plutôt qu’à des projections et des interprétations de la réalité qui concluent à la victimisation, à la honte, au ressentiment, à la culpabilité (liste non exhaustive…) qui sont autant de visages de la colère contre soi ou le monde (krodh).

Tapa (cliquez ici pour un article plus détaillé) est la chaleur psychique, l’effort sur soi-même (y compris l’effort physique) qui permet d’éveiller la conscience de soi son état hypnotique ordinaire, mais un effort toujours orienté vers le but le plus noble, l’éveil de la conscience individuelle vers la Conscience Universelle. C’est la chaleur puissante mais contrôlée qui meut la conscience en un mouvement ascendant, tel un ballon d’air chaud qui monte. Le combustible nécessaire à cette chaleur est notre propre karma, nos identifications erronées et nos fausses limitations. Tapa s'oppose donc à lobh, l’avidité qui, au contraire, a besoin de puiser toujours plus dans le monde horizontal (les biens matériels, les relations sociales) pour entretenir le feu de l’égo et ses fascinantes projections.
« Tapa signifie "chaleur": c’est la chaleur divine qui consume entièrement le karma. » Yogi Bhajan
Svādhyāya signifie « conscience de soi ». Cultiver la conscience de soi, c’est l’exact opposé de moh (l’orgueil) : la glorification du moi, identité secondaire, illusoire et éphémère (là où le soi demeure sereinement dans l’éternité de chaque instant).

Enfin, īshvara-pranidhāna, c’est se référer à Dieu, s’en remettre entièrement à la Conscience Universelle. Si je dois cultiver quelque attachement, autant me lier au Divin plutôt que d’être entravé par tout autre attachement, toute autre identification (ahangkar). Ici il est question du sacrifice, qui est la transformation de nos attachements. Ahangkar marque le refus d’en faire l’oblation, tandis qu’īshvara-pranidhāna est l’expérience d’un sacrifice total, inconditionnel, réitéré jusqu’à ce qu’il demeure un état permanent.

On peut faire un parallèle intéressant entre les niyama et la sādhanā telle qu’elle est pratiquée quotidiennement dans la tradition du Kundalini Yoga :

  • saucha se manifeste par la douche froide, ishnān, qui détoxifie le corps et nettoie le subconscient de son activité nocturne ;
  • le Japjī Sāhib de Gurū Nānak décrit la réalité intrinsèque de l’Univers ; il dit ce qui est. Sa lecture installe santosha ; le sens des mots ainsi que leur vibration mettent calmement notre mental en relation avec l’intelligence universelle, afin qu’il développe la compréhension la plus juste et la mieux informée ;
  • tapa est une composante essentielle de tout kriya (ou série d’exercices) de Kundalini Yoga ; chaque kriya est véritablement « un formidable effort du soi » (Yogi Bhajan) ;
  • la méditation amène évidemment svādhyāya, et la nature dévotionnelle des chants, īshvara-pranidhāna qui se poursuit dans le chant du kirtan, la présence de la communauté (sangat) et la lecture du hukam qui suivent la sādhanā

Après yama et niyama vient āsana, la posture (prochain article).

1 commentaire:

  1. Merci Ram pour ce bel article. J'aime beaucoup ta description de Tapa, très éclairante, ainsi que le rapprochement de Niyama avec le processus de la sadhana. Sat Nam. Chanderdev K

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