mercredi 6 mai 2020

L'offrande du jeune brahmane



Un brahmane officiait quotidiennement dans le petit temple dont il avait la charge. Aux heures prescrites par la tradition, il récitait les textes sacrés, brûlait de l'encens, sonnait la cloche et procédait au puja, la cérémonie de l'offrande au dieu. Pour cela, il faisait venir de très loin une certaine sorte de laddu, petites friandises dont les dieux sont, parait-il, particulièrement friands. Il déposait les laddu devant la murti, la statue du dieu, et comme cela se fait dans les temples, tirait un rideau devant la divinité, pour la laisser consommer son offrande tranquillement. 

Puis, le dieu s'étant nourri de l'essence subtile de l'offrande, le brahmane redistribuait les friandises bénies à l'assemblée. Mais il en manquait toujours une ou deux, et il paraissait à tous que le dieu consommait effectivement son offrande ; c'était là une chose rarissime, un vrai miracle. Les foules se pressaient pour assister au repas du dieu, et le brahmane passait pour un saint.

Or il advint qu'il dut s'absenter pour quelque pèlerinage. Il appela donc son fils et lui dit : « Tu n'es pas encore adulte, mais c'est pour bientôt. Et puis tu es un brahmane comme moi. Tu m'as vu officier tous les jours, et je pense que tu sauras parfaitement me remplacer au service du dieu. » Il vérifia que son fils connaissait bien l'ordre de la cérémonie, lui fit réciter les hymnes sacrés sans y déceler la moindre erreur, et quitta le temple en toute confiance.


Le lendemain, à l'heure prescrite, le jeune brahmane se présenta devant la divinité. Il récita les textes saints, brûla de l'encens, sonna la cloche et présenta humblement les laddu au dieu. Puis il tira le rideau et attendit quelques instants. Mais le dieu n'avait pas touché à son offrande. L'enfant était troublé : « Sans doute ai-je fait une erreur, pensait-il. Je vais recommencer avec plus d'attention, plus de ferveur. » 

Et après s'être rituellement purifié, il reprit toute la cérémonie, chantant avec plus de dévotion, offrant son cœur au dieu à chaque mot, dans chaque geste. Mais cette fois encore, le dieu ne daigna pas toucher l'offrande. 

Pris de panique en voyant son offrande à nouveau refusée, craignant d'avoir déplu au dieu, il se purifia à nouveau, et recommença. Cette fois-ci, il se confondit en dévotion, chantant les hymnes avec une telle humilité et un tel amour, que les murs du temple et toute l'assemblée des fidèles en tremblaient d'émotion. Mais la statue du dieu ne bougea pas plus qu'avant. 

Alors le jeune brahmane fondit en larme, déchira sa tunique de désespoir, se couvrit le visage de cendres, et se frappa la tête sur le sol, au pied du dieu. « Je t'en supplie, accepte mon offrande, criait-il. J'y ai mis toute mon âme, tout ce que mon cœur peut contenir d'amour ! Je ne peux pas te donner plus, je t'ai déjà tout donné ! Je t'en supplie ! Je mourrai à tes pieds s'il le faut ! Tiens, je te donne à nouveau ma tête, mon corps tout entier, et mon esprit, et toutes mes incarnations futures, mais accepte mon offrande ! » 

Alors, au milieu de tout ce tapage, on entendit une voix, forte et douce pareille à celle des dieux, qui dit : « D'accord, d'accord, j'accepte ton offrande ! Mais je t'en supplie, petit, cesse donc de pleurer ainsi ! » Et le jeune brahmane vit la statue du dieu descendre de son socle, prendre un laddu et le porter à sa bouche !

Le père revint de son pèlerinage, et on lui conta l'aventure. Sceptique, il interrogea son fils, qui lui raconta comment, en effet, la divinité avait mangé un laddu. « Elle a daigné accepter mon offrande, comme elle daigne chaque jour accepter la tienne, ô père. » 

Mais le père, fondant en larmes, tomba à genoux : « Mon fils ! Ô mon fils ! C'est là un vrai miracle ! Tu es béni par le dieu lui-même ! Car ce que tu ne sais pas, confessa-t-il, c'est que le dieu n'a jamais mangé le moindre laddu de mon offrande. C'est moi qui en suis particulièrement friand, et j'ai pris l'habitude d'en dérober discrètement un ou deux chaque fois que je tire le rideau sur la divinité... »

Que votre dévotion soit si intense et si pure qu'elle mette en mouvement ce qui ordinairement ne bouge pas. Qu'elle soit telle qu'elle mette en mouvement l'Univers. Et que le Divin ne puisse la refuser. 

lundi 6 avril 2020

Méditation pour se connecter à son « système auto-sensoriel »


« Techniquement parlant, nous ne faisons pas confiance à la grandeur du Divin. Et ainsi, nous limitons notre capacité. Vous n’êtes pas en relation à l'âme des autres, vous n’êtes en relation qu’avec le physique. Or le physique est trompeur. C'est pourquoi nos relations sont vraiment limitées. Il n'y a pas de trahison possible pour une personne sensorielle. Lorsqu'une personne sensorielle contrôle ses sens et ses projets à partir de son système sensoriel, elle peut comprendre où elle va. C'est l'un des systèmes les plus authentiques qui soit.
L’être humain sensoriel est un individu positif. Où qu'il habite, il a autour de lui tout ce qu’il y a de plus positif. Ses relations sont fluides. Il va fluidement avec la volonté de Dieu. Il flotte.
Nous avons une méditation pour cela. Maintenant, vous allez devenir des gens de l'ère du Verseau. » -Yogi Bhajan, 21 août 2000

Asseyez-vous en posture confortable : les jambes croisées, le dos droit. Rentrez légèrement le menton pour aligner la nuque, détendez les épaules et dégagez la poitrine. 

Dans cette posture, faites une forme de triangle avec vos bras, devant votre poitrine : les bras parallèles au sol à la hauteur du cœur devant vous, posez la main droite sur la main gauche, les paumes vers le bas. Ensemble, les bras et les mains forment un triangle qui pointe vers l’avant

Fermez les yeux presque complètement, et posez votre regard sur le bout de votre nez pour maintenir votre concentration.

Dans cette posture, mettez vos lèvres en 'o', et inspirez par la bouche, comme pour « boire » l’air. Remplissez totalement votre poitrine, puis expirez par le nez. Faites cela de façon stable et confortable. La respiration doit être très longue, régulière et automatique. Maintenez le triangle de vos bras et gardez la colonne vertébrale droite.  Participez activement, avec engagement et courage. C’est le moment de consolider vos sens et de vous réaliser.

Continuez ainsi jusqu'à 31 minutes.

« Voyez-vous, vous pouvez toujours changer les choses. Non pas de l'extérieur, mais de l'intérieur, de vous-mêmes. Mais vous ne comprenez pas. Il y a la Terre, et l’Univers tout entier : nous sommes très interactifs, très vastes. Et lorsque nous commençons à faire ces exercices, nous commençons à ressentir ce système. » -Yogi Bhajan

La crise de l'identité et le système « auto-sensoriel »

L'Ère du Verseau et le sens de l’identité


L’entrée progressive dans l’Ère du Verseau met à mal notre sens de l’identité. Ce qui contribuait à définir notre identité jusqu'à présent - genre, statut social, origine ethnique, culture et système de croyances - suffit de moins en moins à nous dire qui nous sommes, à nous le faire ressentir. D'une certaine façon, ces éléments extérieurs nous disaient dès le départ, dès la naissance, qui nous étions. Ils nous fournissaient un récit « clé en main » justifiant notre existence et notre place dans l’Univers. Et faute de récit alternatif, cette justification était absolue, rarement remise en question (à l’échelle de l’individu en tous cas). 

Or la rencontre des peuples, la confrontation de leurs croyances et des leurs récits, le changement d’échelle du village au « village global », la « mondialisation » ont fait perdre à ces récits leur statut d’absolu: ils se sont révélés relatifs. Ce qui était vrai, assez en tous cas pour calmer notre angoisse existentielle, ne l’est plu suffisamment. Il nous faut repartir en quête de l’absolu, d’un sens absolument vrai, de notre identité. Faute de quoi nous nous effondrons, car l’être humain a besoin d’identité.

L'évolution et l’angoisse existentielle


Le lignée du genre Homo

L’être humain est doué de conscience; suffisamment de conscience pour prendre conscience de lui-même (ça, certains animaux en sont capables), mais plus encore: une conscience réflexive, une « conscience d’avoir conscience ». Or la conscience que l’être humain a de lui-même s’accompagne d’un questionnement existentiel permanent, d’une angoisse même, quant à son identité et sa place dans l’Univers. Individuellement, nous avons besoin, impérativement et désespérément besoin, d’un sens de notre identité. Sans cela, nul être humain, nulle société, ne peut survivre, continuer d’exister, prospérer et se projeter dans l’avenir. 

Car sur le long chemin de l’évolution et du développement de la conscience, la première chose dont nous avons pris conscience justement, c’est notre petitesse dans ce vaste univers, notre fragilité par rapport au monde qui nous entoure; la précarité de notre condition et de ce qui justifie notre existence. 

L’Homo Sapiens est issu des primates les plus faibles et les moins spécialisés de la forêt africaine. Et son évolution s’est faite à coup d’accidents évolutifs, d’adaptations opportunistes et forcées à des changements brutaux (climatiques notamment). Ce qui faisait la faiblesse de nos ancêtres hominidés (leur manque de spécialisation) s’est révélé être une force (la capacité à s’adapter, la polyvalence, la plasticité du cerveau…). Car chaque fois qu’une des lignées du genre Homo s’est trop spécialisée, elle s’est éteinte. 

Nos ancêtres ont toujours su s’adapter. Mais cette adaptation s’est faite non pas par le haut, mais par le bas: en restant cachés, en faisant profil bas, en se faisant ignorer. En mangeant ce qui reste et ce dont les autres ne veulent pas. En se maintenant en mouvement, apprenant à renoncer aux meilleures places. En dormant peu, et d’un sommeil angoissé. En comptant sur le groupe parfois, en ne comptant que sur soi-même ailleurs. En prenant parti de leur position des plus humbles sur la chaîne alimentaire; en actant  de leur relative insignifiance sur l’échelle de priorités de la nature et du Cosmos.

Trace de son évolution, Homo Sapiens a bien conscience qu’il est arrivé là un peu par hasard, comme par miracle, par un enchaînement improbable de circonstances; par rien, ou presque, qui dépende positivement de lui. Nous n’avons fait que nous adapter par le bas. 

C’est pourquoi nous sommes des créatures ontologiquement portées vers la question « Qui suis-je » et ses corollaires: « Pourquoi suis-je ? D'où viens-je ? Où sont mes racines, mon ancrage ? Quelle intention transcendante a voulu mon existence ? Suis-je légitime à être ? Cette légitimité à exister est-elle stable ? Qu’est-ce qui la garantit ? Qu’est-ce qui peut m’assurer que ce qui a voulu que j’existe ne changera pas d’avis ? Etc. » 

Portés à la transcendance


Le serpent Wagyl, personnage du Temps du Rêve, mythe fondateur des cultures aborigènes d'Australie.

Ce questionnement est une des raisons qui explique que l’être humain est naturellement tourné vers le Cosmos, la transcendance, le mystère du vaste ciel étoilé, comme possible sol où plongent ses racines. Car si ce n’est pas là, dans cette volonté, suprême et toute-puissante, que notre existence trouve son origine, alors nous n’avons pas d’ancrage: livrés à nous-mêmes, illégitimes car issus d’un hasard capricieux, et propres à être éliminés du jour au lendemain. Perspective des plus déprimantes, et sur laquelle rien ne peut s’appuyer. 

D'où la tendance naturelle, et observée partout, des sociétés humaines à s’appuyer sur des mythes de la création. Autant de récits qui nous donnent la certitude d’avoir une légitimité, une raison d’être. Jusqu'à très récemment, ces mythes étaient gravés dans notre psyché au travers: ces récits fondateurs étaient non seulement dit, mais régulièrement « joués », mis en gestes, en mouvement, en paroles, en chants, en musique, en respirations, en émotions… encodés dans notre système neurochimique lors de cérémonies et rites de passages qui les donnaient à vivre et à revivre. Vrais, car expérimentés, vécus intimement en chacun-e. Et vécus à nouveau l’année suivante, au prochain solstice, ou à la prochaine naissance, car il fallait en permanence réactiver le récit fondateur pour combattre les assauts insistants, le travail de sape, du doute existentiel. 

Ces mythes devinrent des systèmes de croyances, des formes d’adoration (pour se concilier l’appui des forces supérieures) et, plus tard, des religions voire des systèmes politiques. Discutables mais d’une relative efficacité… jusqu'à ce qu’ils soient radicalement remis en question.

La « sensitivité à soi » pour redéfinir son identité


Au contact de soi.

La transition actuelle vers l’Ère du Verseau constitue un profond changement de paradigme, qui vient fragiliser un sens de l’identité déjà précaire par nature. Elle accentue notre questionnement qui, immanquablement, se transforme une crise existentielle profonde. Et les crises de ce type, chez un être humain, se manifestent principalement par une anxiété sans solution, sans réponse, glissant lentement mais sûrement vers la dépression. 

La nature collective et progressive de cette dégradation la rend difficilement perceptible au niveau individuel. C’est pourquoi Yogi Bhajan a qualifié cette dépression de « froide »: une perte graduelle de sa sensitivité personnelle, du contact intime avec soi (et avec les autres), de sa capacité à ressentir quoique ce soit de significatif.

Or la sensitivité est précisément la clé du problème: car lorsqu'on ne trouve plus autour de soi de quoi confirmer sa propre identité, c’est vers l’intérieur qu’il faut se tourner, pour trouver en soi le ressenti de sa propre existence, seule réponse valable à la question « qui suis-je ». Le « système auto-sensoriel », tel que Yogi Bhajan l’appelé, est une utilisation particulière de son système sensoriel et, au-delà, de sa sensitivité. Si celui-ci est ordinairement tourné vers l’extérieur pour nous relier au monde qui nous entoure, on peut aussi le tourner vers soi-même, pour se relier à soi-même. C’est la même sensitivité qui est à l’œuvre: il s’agit juste de la condenser et de la diriger vers l’intérieur. Tout comme la lumière blanche, diffuse et rayonnant dans toutes les directions, peut être rassemblée en un rayon cohérent (le laser).

Une réponse intelligente à la crise existentielle actuelle consistera donc à stimuler sa sensitivité, celle-là même que l’on voudrait éteindre pour ressentir moins d’angoisse et de doute. Et utiliser sa sensitivité pour faire l’expérience de « j’existe ». Une expérience dynamique, mouvante, vivante, de sa propre identité; et non une définition statique, intellectuelle, extérieure, de soi-même. É-motionnelle plus que mentale (c’est pourquoi Yogi Bhajan parle de l’importance d’avoir un « noyau émotionnel » pour définir son identité). Ressentie à force d’être parcourue et expérimentée, et non définie « une bonne fois pour toutes » (pour ne plus avoir à y revenir). Un récit qui se passe de symboles; un récit sans images, pour être plus direct, plus authentique. Une identité non pas formulée dans sa tête, mais ressentie dans son propre cœur.
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Yogi Bhajan a enseigné quelques pratiques méditatives spécifiques pour stimuler le système auto-sensoriel. En voici une

lundi 16 mars 2020

Méditation de guérison



« Tout ce que vous avez à faire, c'est envoyer un message ou trouver le moyen d'établir une communication entre le mental et le corps de la personne malade. Le mental doit être en paix, de sorte que le corps puisse jouer son rôle. C'est là le seul traitement. Le corps se soigne lui-même. La médecine lui permet d’atteindre cet espace où la guérison peut avoir lieu. » -Yogi Bhajan

Un mantra pour la santé et la guérison



Selon l’approche yoguique, la maladie est d’abord une déconnexion entre soi et l’Univers. C’est une perte de contact, qui limite ou interrompt le flux d’énergie prānique entre l’individu et le Cosmos dont il est issu et qui le nourrit en permanence.


Le mantra ra ma dha sa sa se so han vise, par le pouvoir combiné du nād (la vibration) et du shabd (le Verbe créateur), à restaurer ce flux, pour rétablir la santé.

Les quatre premières syllabes invoquent le macrocosme (le niveau universel et impersonnel):

  • La syllabe ra invoque le Soleil, source de création, sa lumière et son énergie positive.
  • La syllabe ma invoque la Lune, les qualités maternelles et son énergie apaisante.
  • La syllabe da (ou dha) se réfère à la Terre : sa grande stabilité, l’ancrage, l'espace où l'on s'incarne dans le temps et l’espace.
  • La syllabe sa évoque la totalité, la conscience du Tout.


Les quatre dernières syllabes renvoient au microcosme (le niveau individuel et personnel, soi-même):

  • Combinées ainsi, sa et se invoquent à nouveau la vastitude de la totalité, sa nature infinie.
  • Enfin, so han nous identifie personnellement à ce qui vient d’être invoqué: « je suis cela ». Cette identification est d’autant mieux ressentie et installée dans notre psyché que l’on rentre le nombril sur la syllabe han.

En combinant ainsi les plans individuels et universels, le mantra donne à chaque cellule de votre corps la conviction qu’elle n’est jamais déconnectée de la Conscience Universelle, et que celle-ci est toujours disponible pour l’informer, la nourrir et la soutenir.

Pratiquer la méditation de guérison


Asseyez-vous en posture confortable, les jambes croisées. Étirez la colonne vertébrale, maintenez le dos droit, et rentrez légèrement le menton. Les yeux sont presque fermés.

Placez les coudes confortablement contre les côtes. Ouvrez les avant-bras vers l'extérieur, à un angle de 45 degrés: les bras et les mains ne sont tendus ni vers l’avant ni vers les côtés, mais entre les deux. Pliez les coudes aux maximum, mais sans tension, pour rapprocher les poignets des épaules. Les paumes sont bien à plat, tournées vers le ciel, les poignets fléchis, les doigts joints et tendus. Gardez consciemment les mains à plat durant la méditation, ne laissez pas le mudra devenir mou et imprécis.

Dans cette posture, chantez le mantra suivant :


ra ma da sa sa se so han

La syllabe han rime avec « présent » : une simple nasalisation, sans consonne g à la fin (ce n’est pas hang comme dans le mot « mangue »). Chantez le mantra complet sur une inspiration, sans reprendre votre souffle. Rentrez le nombril sur la syllabe han. Puis inspirez profondément et répétez. Articulez consciemment et faites vibrer chaque syllabe, et ressentez-en la résonance dans la bouche et la cavité nasale. Concentrer votre mental sur la combinaison  et la permutation de ces syllabes, et ce qu’elles invoquent.

Chantez ainsi pendant 11 à 31 min.

Pour terminer, inspirez profondément garder le souffle poumons pleins: écouter le nād, le flux vibratoire du mantra, et ressentez-le dans chacune de vos cellules, y apportant la lumière, la guérison et la certitude qu’elles sont d’essence divine, jamais séparées de la source créatrice infinie. Par la puissance du son et du verbe, persuadez-en chaque cellule, chaque fibre de votre corps. Puis expirez.

Inspirez à nouveau et gardez le souffle: adressez maintenant cette prière de guérison à votre entourage, votre famille, les gens que vous aimez et qui vous aiment. Cela peut être une personne en particulier. Visualisez ces individus en pleine santé, rayonnants, heureux. Tenez pour eux cet espace de guérison. Expirez.

Enfin, inspirez, gardez le souffle, et tenez cet espace de guérison pour toutes les créatures, tous les êtres des plans connus et inconnus. Ressentez le monde, et l’Univers tout entier, parcourus d’un formidable flux d’énergie de paix, d’amour infini et de guérison. Expirez et détendez la posture.


« Il n'y a personne qui ne soit pas un guérisseur. Dieu vous a donné, en vous, un système complet de guérison. Vous vous guérissez vous-même. Les médecins diagnostiquent, les herbes soignent, et Dieu guérit. » -Yogi Bhajan

Crise sanitaire : 40 jours de méditation de guérison


Pendant la crise sanitaire du Covid-19, la communauté de Dharamsal se mobilise, avec 40 jours de méditation de guérison.

Tous les jours du 17 mars au 25 avril au moins, à l'heure de votre choix, pendant 11 à 31 minutes, pratiquez cette méditation pour votre équilibre physique et mental, votre vitalité, votre pouvoir de guérison et d'auto-guérison, et votre capacité à tenir un espace de paix et de foi, pour vous-même et pour les autres.

Et deux fois par semaine, les mardis et vendredis de 19h à 19h30, pratiquez cette méditation en live et en musique sur internet avec Gururavi Kaur et Ram Singh.

C'est gratuit et ouvert à tou-te-s! Les enfants sont les bienvenus. Ecrivez-nous - info(à)dharamsal.fr - pour obtenir le lien de connexion.


dimanche 12 janvier 2020

Cinq méditations pour la « période grise »



La Période Grise


Nous sommes actuellement dans la période de transition qui sépare « l'Ère des Poissons », que nous quittons, de celle dite « du Verseau » dans laquelle nous entrons. Les grands changements civilisationnels de ce types s'accompagnent généralement d'une « période grise » (gray period), selon les termes de Yogi Bhajan: une génération de flou, marquée par l'incertitude, le doute, le manque de repères. 

L'angoisse existentielle génère une forme de dépression dite « froide »: on continue de fonctionner sur la base de paramètres que l'on sait, que l'on sent, dépassés. On perçoit l'obsolescence de nos modes de raisonnement et la vanité de nos modes d'action, mais on ne sait pas encore faire autrement. On mesure ce que l'on perd, on perçoit ce qui n'est plus, on se lamente sur la disparition des valeurs qui prévalaient. Mais on manque de l'intuition et de la sensitivité nécessaires pour accueillir le monde nouveau qui prend forme. On s'attache à ce qui meurt, faute de s'identifier à ce qui naît. Selon Yogi Bhajan, cette période d’incertitude devrait durer jusqu'en 2038, avant que l’esprit de discipline et d’intégrité prenne le relai.

Au-delà de l’espoir, ou des discours rassurants ou angoissants sur l’avenir, au-delà des démarches politiques, sociales, économiques et environnementales porteuses d’avenir, la véritable clé de notre avenir est la capacité individuelle et collective à mettre à jour notre conscience pour l’adapter aux paramètres de ce nouvel âge. Et pour cela, nous disposons de l’outil idéal: la méditation.

En septembre 1975, Yogi Bhajan a enseigné une série de cinq méditations pour traverser cette période grise avec grâce et dignité, sans baisser les bras, sans se laisser emporter par les vagues d’angoisse de cette transition, sans perdre le contact avec le soi authentique.

1. Méditation pour un mental serein et des nerfs solides


Cette méditation calme et équilibre le mental, développe la patience, et renforce le système nerveux. Elle est particulièrement recommandée pour se prémunir de l'irrationalité, et pour apprendre à rester calme dans les situations qui nous confrontent.

Asseyez-vous en posture confortable, les jambes croisées. Étirez la colonne vertébrale, maintenez le dos droit, et rentrez légèrement le menton. Les yeux sont presque fermés.

Pour les hommes: posez la main gauche sur le giron, en buddhi mudra: les bouts du pouce et du petit doigt se touchent, les autres doigts sont tendus. Levez la main droite au niveau de l'oreille, paume vers l'avant, en surya mudra: les bouts du pouce et de l'annulaire se touchent, les autres doigts sont tendus vers le haut. 

Pour les femmes, c'est l'inverse: posez la main droite sur le giron, en buddhi mudra: les bouts du pouce et du petit doigt se touchent, les autres doigts sont tendus. Levez la main gauche au niveau de l'oreille, paume vers l'avant, en surya mudra: les bouts du pouce et de l'annulaire se touchent, les autres doigts sont tendus vers le haut.

Dans tous les cas, faites en sorte que les ongles des doigts ne se touchent pas.

Dans cette posture, respirez longuement et profondément, pendant 11 minutes. Jour après jour, vous pouvez  augmenter le temps de pratique jusqu'à 31 minutes.

Pour terminer, inspirez profondément, puis expirez. Levez les mains au dessus de la tête, doigts écartés, et secouez vigoureusement les bras et les mains pendant au moins une minute. Puis détendez-vous.

2. Méditation pour le confort intérieur et la satisfaction


Cette méditation vous fera vous sentir à l’aise et satisfait. Elle contribue à équilibrer le cerveau en renforçant votre capacité intérieure d'être en permanence en contact avec votre soi supérieur.

Asseyez-vous en posture confortable, les jambes croisées. Étirez la colonne vertébrale, maintenez le dos droit, et rentrez légèrement le menton. 

Pour les femmes: connectez le bout du pouce et du majeur de la main gauche, et la bout du pouce et de l’auriculaire de la main droite, sans que les ongles ne se touchent. 

Pour les hommes, c’est l’inverse: connectez le bout du pouce et du majeur de la main droite, et la bout du pouce et de l’auriculaire de la main gauche, sans que les ongles ne se touchent. 

Détendez les épaules, et maintenez les mains devant la poitrine sans la toucher, distantes d’une vingtaine de centimètres, les doigts pointant vers l'avant.

Dans cette posture, détendez les paupières, et fermez les yeux presque complètement. Respirez longuement et profondément, et méditez ainsi pendant 11 minutes.

Pour terminer, inspirez profondément, serrez les poings des deux mains pendant quelques secondes, puis expirez et détendez la posture.

3. Khalsa Mūl Mantra 


Pratiquez cette méditation pour recharger votre aura, pour rayonner, pour avoir une mine radieuse et freiner les effets du vieillissement. 

Asseyez-vous en posture confortable, les jambes croisées. Étirez la colonne vertébrale, maintenez le dos droit, et rentrez légèrement le menton. Posez les mains en giān mudra sur les genoux: les bouts des pouces et des index se touchent; les autres doigts sont tendus, les paumes vers l’avant.

Dans cette posture, chantez le mūl mantra en prolongeant les syllabes longues pour vider les poumons (sauf sur kartā purkh et jap):

inspirez profondément par le nez;

ik ong kār 
inspirez profondément par le nez; 

sat nām 
inspirez profondément par le nez; 

kartā purkh
expirez, puis inspirez profondément par le nez;

nirbhao 
inspirez profondément par le nez;

nirvēr 
inspirez profondément par le nez;

akāl mūrat 
inspirez profondément par le nez;

ajūnī
inspirez profondément par le nez;

sēbhang
inspirez profondément par le nez;

gurprasād 
inspirez profondément par le nez;

jap
expirez, puis inspirez profondément par le nez;

ād sach
en vidant complètement les poumons sur le son chhh, puis inspirez profondément par le nez

jugād sach
en vidant complètement les poumons sur le son chhh,puis inspirez profondément par le nez 

hē bhī sach
en vidant complètement les poumons sur le son chhh, puis inspirez profondément par le nez 

nānak hosī bhī sach
en vidant complètement les poumons sur le son chhh, inspirez profondément par le nez pour recommencer.

Chaque inspiration est complète, et chaque phrase doit utiliser toute la respiration. Les quatre dernières phrases se terminent par le souffle libéré par la bouche sur le son chhh comme le son d'un serpent sifflant. C'est sur cette précision que reposent les effets de cette méditation.

Continuez ainsi pendant un minimum de 11 minutes. Puis, jour après jour, augmentez le temps de pratique jusqu'à 31 minutes.

Avec suffisamment d'expérience, vous pourrez même aller jusqu'à 11 cycles entiers (soit un temps de pratique entre 45 minutes et une heure).

Pour terminer, inspirez profondément, suspendez le souffle pendant quelques secondes, puis expirez et détendez la posture.

Pour extraire les effets de cette méditation et en profiter au mieux, pratiquez quotidiennement pendant 40 jours. 

4. Méditation pour la vivacité d’esprit


Confrontés à des circonstances inhabituelles, anormales ou que nous ne comprenons pas, notre réaction est souvent la même: stress, peur, panique, confusion, repli sur soi, agressivité… Mais nous pouvons répondre plutôt que réagir: cette méditation aide à développer l’attitude, la présence et les réponses adaptées à de telles circonstances, en neutralisant la partie centrale du cerveau et stimulant notre vivacité d’esprit. 

Asseyez-vous en posture confortable, les jambes croisées. Étirez la colonne vertébrale, maintenez le dos droit, et rentrez légèrement le menton. Amenez la main gauche devant le haut de la poitrine, sans la toucher, la paume bien plate, tournée vers le côté. Faites « marcher » l'index et le majeur de la main droite: remonter le long de l’axe central de la paume gauche, entre le centre de la main jusqu'au bout du majeur et de l'annulaire, et puis descendez à reculons.

Détendez les paupières, et fermez les yeux presque complètement, et continuez ainsi, lentement et avec une forte pression sur la paume. Traversez la gêne, voire la douleur, ainsi occasionnée. Continuez pendant 11 minutes.

Pour terminer, inspirez profondément, suspendez le souffle pendant quelques secondes, puis expirez et détendez la posture.

5. Méditation à faire quand rien d'autre ne fonctionne


Quand vous êtes à bout de nerfs, au bout du rouleau; quand vous ne savez pas quoi faire, quand rien d'autre ne fonctionne… cette méditation est efficace! 

Asseyez-vous en posture confortable, les jambes croisées. Étirez la colonne vertébrale, maintenez le dos droit, et rentrez légèrement le menton. 

Entrelacez les doigts en arrière. Détendez les épaules, placez ce mudra à la hauteur de centre de la poitrine sans la toucher, les paumes vers le haut, les doigts tendus, les pouces tendus vers l’avant.

Dans cette posture, détendez les paupières, et fermez les yeux presque complètement. Chantez le Gurū Gaitri Mantra:

gobinde mukande udāre apāre 
harīang karīang nrināme akāme

« qui soutient, qui libère, qui nourrit, infini, 
destructeur, créateur, sans nom, sans désir »

Chantez le plus vite possible, jusqu'à ce que les mots soient à peine discernables. Laissez votre chant se transformer en un flux sonore continu.

Commencez par 11 minutes. Puis, jour après jour, augmentez le temps de pratique jusqu'à un maximum de 31 minutes.

Pour terminer, inspirez profondément, suspendez le souffle pendant quelques secondes, puis expirez et détendez la posture.



mercredi 1 janvier 2020

2+0+2+0 = 4 : la sangat est la 4e dimension


2+0+2+0 = 4 : la sangat est la 4e dimension
par Shiv Charan Singh


« L’attitude neutre est la joie de Dieu. »
Yogi Bhajan, le 13 janvier 1972

Note: Ceci n’est pas une prophétie. Juste des paroles de contemplation pour l’année 2020.

Passer de 2019 à 2020 mène notre attention et notre énergie du 3 (2+0+1+9 = 1+2 = 3) vers le 4 (2+0+2+0 = 4). Cela peut être représenté par la façon dont un triangle devient un carré.

La forme prise par 4 points rend possibles beaucoup plus de mouvements. Même lorsque les côtés restent de la même longueur, on peut encore faire de nombreuses formes à 4 faces. Le nombre 4 apporte ainsi des ouvertures, des possibilités, des opportunités. Cela peut donner comme un soulagement, un sentiment de liberté. Ou alors une rupture inquiétante dans ce qui est familier, vous laissant dans l'incertitude et dans une tendance à la paralysie dans le but de garder un sentiment fallacieux de sécurité. Il peut être douloureux de vous libérer d'une position fixe. Cependant, le passage au 4 vous confronte doucement à laisser derrière vous ces fausses structures. Si cette ouverture se fait vers le soi supérieur, vers une plus vaste conscience, alors elle devient une coupe de réception et de partage. Tandis que si cette ouverture se fait vers le soi inférieur, alors on risque de tomber dans un abîme, dans le plan subconscient du 2 (le mental négatif), là où il n'y a pas de réceptivité.

L'ouverture vers le 4 est intérieure. Le cœur s'ouvrant à ses propres secrets intérieurs. C'est une révolution interne où vous vous rendez nu-e à vous-même. Ce n'est pas s’exposer au monde qui vous entoure. Tout ce qui a pu être scellé, même à votre propre attention, commodément enfoui dans le subconscient, s'offrira à la dissolution par la conscience. C'est une possibilité qui vient avec le mental neutre.

Dans le langage des nombres, l'année 2020 se résume au nombre 4 (2+2). Selon la Science Spirituelle de la Numérologie Appliquée, le nombre 4 fait référence au mental neutre. Le mental neutre nous donne la possibilité de fonctionner dans la vie en étant libre des effets de multiples influences qui conditionnent nos décisions et nos réponses au monde. Des influences telles que la honte, la culpabilité et la colère qui s’appuie sur notre histoire passée, les attentes, les espoirs, la pression sociale, les médias, les attachements, les peurs, le besoin d'approbation, les schémas de dépendance, et même des choses comme le climat, la saison, les mouvements planétaires, les attractions et distractions qui nous entourent, et bien plus encore.

Neutre ne signifie pas qu'il n'y a pas de différenciation, ou que toutes choses doivent être vues et traitées comme étant les mêmes, ou comme ayant la même valeur. Le neutre n'attribue aucune valeur spécifique aux choses, aux événements, au moment de la journée, aux formes ou aux couleurs, aux personnes, etc. Il rencontre et embrasse toute chose telle qu'elle est. Pleinement conscient de la diversité de la création dans toutes ses particularités. Sans accorder une importance excessive à quoi que ce soit. Néanmoins, le mental neutre reconnaît la priorité du moment et choisit consciemment de faire face à l'inévitable. Et s'y engage de tout cœur. La neutralité vous permet d'être libre de tout attachement, pleinement capable de prendre des décisions intuitivement informées, tout en étant libéré-e de la peur des conséquences.

La juste neutralité est un état dynamique de non-attachement, qui se situe entre l'attachement et le détachement. C'est un état d'être qui vous libère des attachements et vous permet d'être dans l’honnêteté ; de percevoir la réalité et de vivre par elle. Il est impossible de demeurer activement dans l'état de neutralité sans être également dans une consciente et perpétuelle confiance, qui est aussi la véritable nature de la prière. Sinon, votre neutralité devient un état d'insensibilité et d'apathie, figé, détaché et paralysé. Ou alors il se transforme en un doute tremblant, une incertitude et une confusion, où l'hésitation devient ne réaction habituelle à la vie.

Il y a une petite voix dans votre cœur qui veut être entendue. C'est une voix qui veut vous mener au-delà du monde limité de la personnalité individuelle (l’ego) vers la conscience communautaire. C’est une voix qui dit « nous », et non « moi ». Le recours, l’appel, à la communauté nous éloigne d'une vie basée sur l'acquisition et l'avoir. Vers une vie de don et de partage. Le cœur humain est une Coupe de Prière, à travers laquelle le donner et le recevoir ont vraiment lieu.

Note: On parle ici du chakra du Cœur, pas du cœur en tant qu’organe.

La communauté spirituelle (la sangat), tout comme le cœur intérieur, est le creuset ; le calice, au sein duquel l'âme humaine qui s’élève et l'Esprit Divin descendant fusionnent, pour donner naissance à l’humain nouveau, l’être de lumière.

C’est dans la sangat que se rencontrent l’animal et l’ange. La conscience communautaire est un environnement où la vérité prévaut et l’emporte.

La neutralité et la connexion intérieure au « nous » garantissent que votre perception est illuminée par la lumière de la vérité, la lumière de la conscience. La réalité devient le fondement de toutes vos décisions. C'est le lieu de l'honnêteté, de la sincérité, de l'authenticité, de la réalité et de la véracité.

Vous pouvez définir votre cœur comme ouvert ou fermé. Néanmoins, c'est l'endroit où vous embrassez toute l'humanité. Où vous ressentez l'amour de tous et la douleur de tous.  Cependant, si vous niez, opprimez ou engourdissez la douleur, vous faites de même avec l'amour. Dès lors, il n'y a plus aucune base pour la vie humaine, mais seulement pour une vie fondée sur l'impulsion individuelle, l'instinct, le désir et l’auto-satisfaction.  Or c'est l'humain en vous qui peut rencontrer, connecter et éveiller l'humain chez les autres. C'est l'humain en vous qui peut guérir les blessures humaines des autres. De même, c’est l’humanité des autres qui vous éveille à votre vraie identité et vous inspire à prendre le risque de vous ouvrir et à vous rendre vulnérable, et à aimer et à partager l’amour.

Tomber dans le cœur, c'est tomber en amour. Tomber dans le cœur, c'est entrer dans un domaine incertain et inconnu. Tomber dans le cœur, c'est faire appel à vos possibilités intérieures. Tomber dans le cœur, c’est ce qui attire les opportunités. C’est un endroit pour « être » et non pour « faire ». Alors une nouvelle qualité d’action naît de l’état d’être. Le cœur est comme le bouton d'une fleur, tandis que la ligne d'arc (le halo) est comme la fleur ouverte.

Il y a plusieurs façons dont vous pouvez être suspendu dans le cœur. Dans un retrait intérieur, vers le bouton du cœur, pour vous refermer, vous arrêter, perdre toute sensation, vous recentrer, vous connecter au soi, vous rassembler. Un retrait à la source de la vérité intérieure. La source de votre humanité. L'inconnu intérieur. Le moi possible. La source de toute poésie.

La poésie est le bourgeon de l'éveil. La voix calme parle dans une langue différente de celle du mental rationnel. C'est la voix de l'enfant (cf. Yogi Bhajan à propos de cette voix) : pas l'enfant blessé de cette vie-ci, mais le vrai enfant, l’enfant de l'esprit ; l'enfant éternel qui est libre de toutes les histoires qui s’appuient sur une identification fausse et temporaire. L'enfant qui sait être dans l’instant perpétuel.

Tomber dans le cœur : voilà une belle révolution qui peut conduire à la révélation. Cependant, cela peut aussi être un voyage de révolte sociale et d'émeutes qui ne mène qu'à des problèmes. Une déconstruction des normes sociales peut être le fondement de la libération, mais aussi une rupture menant à l'anarchie. Lorsqu'il est évident que le navire coule, le capitaine crie « chacun pour soi » (sauvez-vous !). L'esprit de la communauté humaine consiste à se maintenir à flot. Pour apporter de la flottabilité à la conscience collective.

Revoyons, et un peu plus profondément, la nature de la sangat:


« La sangat désigne cette congrégation d'affection, qui peut travailler à la libération. »
Yogi Bhajan

La sangat est un test de réalité, un environnement pour éveiller le mental neutre, un rassemblement où « nous sommes nous et nous sommes Dieu » (hamī ham brahm ham) devient une expérience directement vécue, et où la vérité se déploie naturellement. Sangat signifie se rassembler en congrégation, se rassembler pour développer un sentiment d'unité. Être 1 en esprit. Il est temps de concentrer votre intention de vous réunir, de chanter ensemble, de méditer ensemble, de manger ensemble, d'être ensemble. 

La conscience de la sangat est le résultat naturel de la conscience intérieure du « nous ». Elle peut être décrite de plusieurs façons: un rassemblement informel; un état d'intérêt désintéressé; être en contact avec les autres comme une invitation et non comme une demande; une enquête et non une analyse; être curieu-se et non interrogati-ve; être en contact sans être intrusi-ve; tenir sans s'accrocher; être intéressé-e sans chercher; être disponible sans attendre.

Participer par le service:


Vous faites partie de l’espèce humaine, pour laquelle participer a du sens. Participer permet un flux, un donner et un recevoir. Il s’agit de participer à l'humanité, et pas simplement participer à l'industrie de la consommation, au tourisme, au spectacle, au lèche-vitrines, aux jeux du casino, etc. On pourrait appeler tout cela « participer à la maya ». Il s’agit plutôt de participer à l'interaction humaine, aux relations humaines, au développement humain, à l'évolution. Participer au déploiement du véritable potentiel humain. Ce n'est pas forcément cela qui est mis en évidence dans l’acquisition matérielle ou sociale, ou la quête de renommée ; dans la richesse, la course à l’avantage sur les autres, la promotion au travail, l’acquisition d’une nouvelle voiture ou d’une maison plus grande, ou toute autre chose qui favorise directement ou indirectement le sentiment de sa propre importance.

La valeur de ce qui fait de nous des êtres humains, et pas seulement des animaux, réside dans le fait de donner. Et la valeur du don vient de ce qu’il est fait sans intérêt personnel. Le service désintéressé (le seva) nécessite l'investissement actif du mental neutre. Le seva est une méditation en soi. C'est une coupe de prière. Un appel à l'inconnu en soi, à travers le cœur intérieur, vers la réalisation de l'impossible. Apporter ce qui semble indisponible ; répondre aux besoins à partir d'une offre infinie. La coupe de prières ouvre le flux afin que le Divin puisse donner à travers nous. Dieu est le vrai donateur. De ce fait, donner est divin. Le seva neutralise les nombreux problèmes du mental qui viennent de l’importance du « moi, moi, moi » (je n'aime pas / je veux, je n'aime pas, etc.) et les transforme en accord avec le sens de « nous-en-moi ». C'est la conscience, profondément intuitive, que la peine de l'autre est aussi votre peine, que le bénéfice de l'autre est aussi votre bénéfice, que la joie de l'autre est aussi votre joie.

On aura toujours besoin de la prière du seva, ainsi que du seva de la prière.

Ce n'est pas le moment d'attendre que la communauté se fasse. Ni d’être occupé à chercher votre communauté. Le moment est venu de bâtir une communauté. Se demander, non pas ce que je peux obtenir de la communauté, mais ce que je peux offrir, ce que je peux apporter.

Partout où vous identifiez un besoin, une absence ou un manque. Puisque c’est venu à votre conscience, alors c'est vous qui êtes appelé-e à y faire face. Et quand cela semble impossible alors vous pouvez au moins offrir une prière.

Se relier aux autres à partir d'une conscience communautaire. Nous avons bien plus en commun que les différences que nous avons tendance à souligner. Nous sommes créés à partir des 5 mêmes éléments, nous respirons le même air, nous habitons le même champ magnétique planétaire, notre sang et nos os ont la même couleur, nous marchons sur la même planète et partageons les mêmes ressources. Nous voyons les mêmes couleurs de l'arc-en-ciel, alors pourquoi ne voyons-nous pas la même essence briller à travers les yeux de tous. Le temple de l'ère du Verseau, c’est le sangat. Chaque âme en est une brique. Il est soutenu par la conscience du seva, la prière et la confiance que vous placez dans votre prière.

Un peu de numérologie supplémentaire:


Le diagramme ci-dessous met en forme le cheminement vers le nombre 4, et notamment la façon dont il doit passer deux fois par le 2, ce qui est particulièrement significatif dans une année comme 2020 où le 2 est présent 2 fois.
La première rencontre du 2 est dans le passage du 1 au 2, qui coupe la ligne du 3 au 4. Un premier signe de ce qui arrivera. L'innocence est une qualité du 2 qui peut servir de mot de passe pour avancer. Sinon, le 3 renforcera la négativité subconsciente et bloquera la progression de l'âme, le 1.

La deuxième rencontre avec le 2, c'est quand le 3 tente de porter l'âme, le 1, pour atteindre le 4. Dès lors, l'innocence combinée à l’affirmation de sa vraie identité sera la clé qui ouvre la porte intérieure du cœur.


Être vrai à son véritable soi intérieur


Dans le Mul Mantra de Gurū Nānak, le 4e stade est sat nām, qui signifie « vraie identité ». Lorsque vous êtes authentique et véridique, alors vous êtes vrai. Dieu est vérité, et la vérité est Dieu. L'authenticité se situe tout près de la divinité. Il n'est pas facile d'être véridique. Ni de connaître la vérité d'une situation, à chaque instant. Cependant, la voix intérieure a recours au principe négatif pour vous alerter de ce qui n'est pas vrai. Par conséquent, le bon usage du mental négatif (le 2) vous servira à être véridique.

Seul le mental négatif est conçu pour identifier les problèmes et les obstacles. Mais lorsque ceux-ci sont mis à la lumière de la réalité, dans la vérité du cœur, alors ils ne sont plus perçus comme des problèmes. Chaque défi est plutôt un moment d'opportunité riche en possibilités.

Le mental négatif constitue les racines innocentes de notre désir et le pur instinct qui nie l'impur. Sa vertu est d'obéir à l'appel innocent, au cri de l'âme, qui coule comme l'eau et trouve son chemin vers l'océan en s'éloignant des obstacles pour trouver son creux naturel.

La prière et le seva peuvent servir à extraire le flux d'émotions du domaine subconscient, instinctif et organique du mental négatif, et à le déplacer dans le domaine intuitivement conscient de la dévotion par le cœur.

Le double négatif : 2 + 2 ou 2 x 2 = 4


Il est temps de prêter attention à la tension du 2.

L'année 2020 contient évidemment deux fois le nombre 2. Ceux-ci seront encore amplifiés ou éclipsés par le double 0 (zéro) qui est également présent. Le 2 représente le mental négatif, et il peut avoir un grand pouvoir de motion, de mise en mouvement. Le « désir d'appartenir » (longing to belong) peut devenir une émotion vers la dévotion. Sinon, il devient un état désespéré et quémandant par lequel nous descendons pour nous noyer dans le trou noir du désespoir, de l'impuissance et de la dépression.

Le double 2 peut entraîner un doublement de la dualité, une division plus profonde de la polarisation croissante qui est de plus en plus présente dans de nombreuses régions de notre monde collectif. Il peut également apporter un désir intense et insupportable, un fossé sans fond de dépression froide, un sentiment de manque qui ne connaît aucune satisfaction.

Tôt ou tard surgit en vous un fort sentiment de ne pas vouloir que les choses continuent comme ça. Une version naïve de cela serait « je ne veux plus vivre ». Mais ce que cela signifie vraiment, c'est que « je ne veux plus vivre comme ça et je ne sais pas encore comment je veux vivre ». Cela, c'est la voix des filles de l'humanité qui aspirent à être entendues, et qui doivent l’être. 

Mais à travers le 2 lui-même, il se peut qu’il rester en permanence dans l’état d’esprit d’être contre quelque chose ou quelqu'un - ce sont les mouvements « anti- ». On fait campagne et l’on crie contre tout ce à quoi l’on s’oppose. Alors que le 4 nous demande de nous concentrer sur ce pour quoi on est.

D'où la nécessité d'un éveil, en prière, du « nous en moi ». La coupe qui peut contenir même la séparation la plus éloignée et les parties les plus disparates de soi et de la société, et apporter une plus grande unité. C’est pour cela que l’on dit « tombez dans votre cœur, ne laissez pas votre cœur tomber ». Cela nécessite de se souvenir, avec une discipline intérieure constante. 1+2+3+4 = 10. Par conséquent, la prière peut générer quelque chose d’extraordinairement plus grand que la somme des parties. Les manifestations collectives, les marches de protestation et les émeutes dans les rues du monde entier, bien que pleines de danger et d'illusions, peuvent également provoquer des changements qui sembleraient impossibles autrement. C’est la voix du « nous » qui dit « arrêtez, on n’en veut plus ». Il y a ici une mise en garde : le sentiment de trahison alimente la colère, et toute action née de la colère, de la victimisation et du reproche a tendance à échouer à la fin. Elle mène à la déception, à une dépression de plus, et à des stratégies qui renforcent la séparation et la dualité. Contrairement à un appel à s'unir et à entreprendre une action collective efficace pour un changement significatif. Nous pouvons être plus efficaces pour ouvrir la porte à la 4e dimension (le « nous »), par des moments de solidarité en prière silencieuse, ainsi que des actions dans la rue pour venir aide à celles et ceux qui en ont besoin (comme cela se passe dans les rues du Liban, d’Iran et d’autres pays où l'État ou le gouvernement échoue).

Il n’est plus temps de porter des accusations et d'augmenter la tension et la séparation dans la dualité. De lancer des pierres sur la police ou les soldats dans la rue. Il est plutôt temps de leur apporter des présents, de leur tenir la main et de prier pour leur éveil, pour leurs enfants. L'association du 4 à la prière nous rappelle que c'est aussi le nombre des miracles. Que quelque chose peut naître à partir de rien. Grâce à son miracle, 2x2 ou 2+2 = 4, un 2 peut annuler l’autre 2 d’une manière qui élève et transforme.

Désirer être sans désir.
Douter du doute.
Ne pas se contenter de supporter l'insupportable: le transformer par la prière.
Ne pas se contenter d'accepter l'inacceptable: le transformer par le seva.
Ne pas se résigner à tolérer l'intolérable: l’adresser au « nous » collectif et le dissoudre en faisant confiance au miracle du cœur.
Dire non à l’approche « anti- »: devenir pour quelque chose.

L’utilisation consciente du pouvoir du « non », appelé aussi « savoir-faire du non », est maîtrisée par la négation de la négation. Dire « non » au « non » qui nie le « nous ». Écouter le « non » qui dit « ni ceci, ni cela».

Et de cette façon, trouver la vérité.

Gurū Nānak a affirmé le 1 en tou-te-s. Et son nom lui-même est un rappel du double négatif. Ne jamais dire non au 1 (nā na ek). Tout le monde fait partie de L’Un-e. Comme nous en faisons partie, nous sommes appelé-e-s à participer. Et, encore une fois, le sangat (la communauté), la prière et le Seva en sont le chemin.

Gurū Nānak a également lancé un puissant appel à participer à l'humanité dans une seule ligne de sa composition, le Japji:
āī panthī sagal jamātī man jītē jag jīt
Une traduction résumée, avec plusieurs niveaux de signification, pourrait être:
« Viens, ô voyageu-se (rejoindre) tous (tes) semblables (l'humanité)...
(de cette manière), conquiers le mental pour conquérir (surmonter et  réussir dans) le monde
(à traverser l'océan du temps et de l'espace, la maya) »
Grâce à la conscience de la communauté humaine, au-delà de la pensée sectaire, soyez victorieu-se de votre propre mental, pour être victorieu-se dans le monde. Non pas être victorieu-se comme pour « diriger le monde ». Mais victorieu-se dans la traversée de maya. Victorieu-se dans la transformation du karma en dharma. Victorieu-se en devenant non-  attaché-e et libre de l'influence des polarités. Victorieu-se en entrant dans le 4e état, la 4e dimension, et en accomplissant votre destinée. C'est la bénédiction de la conscience de sangat.

Puissiez-vous tomber pleinement en votre propre cœur
Puissiez-vous connaître la coupe de l'amour
Puissiez-vous faire l’expérience de la vibration de l'Un-e
Au plus profond de votre être intérieur
Que votre coupe déborde avec abondance
Pour devenir service de la lumière de la vérité
En tous les êtres vivants et en toute la nature
Que notre unité l'emporte sur notre dualité
Réveillons-nous et embrassons
Arrêtons, respirons, ressentons et soyons
Et ayons confiance en l'unité de l'humanité

SCS

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