lundi 6 avril 2020

Méditation pour se connecter à son « système auto-sensoriel »


« Techniquement parlant, nous ne faisons pas confiance à la grandeur du Divin. Et ainsi, nous limitons notre capacité. Vous n’êtes pas en relation à l'âme des autres, vous n’êtes en relation qu’avec le physique. Or le physique est trompeur. C'est pourquoi nos relations sont vraiment limitées. Il n'y a pas de trahison possible pour une personne sensorielle. Lorsqu'une personne sensorielle contrôle ses sens et ses projets à partir de son système sensoriel, elle peut comprendre où elle va. C'est l'un des systèmes les plus authentiques qui soit.
L’être humain sensoriel est un individu positif. Où qu'il habite, il a autour de lui tout ce qu’il y a de plus positif. Ses relations sont fluides. Il va fluidement avec la volonté de Dieu. Il flotte.
Nous avons une méditation pour cela. Maintenant, vous allez devenir des gens de l'ère du Verseau. » -Yogi Bhajan, 21 août 2000

Asseyez-vous en posture confortable : les jambes croisées, le dos droit. Rentrez légèrement le menton pour aligner la nuque, détendez les épaules et dégagez la poitrine. 

Dans cette posture, faites une forme de triangle avec vos bras, devant votre poitrine : les bras parallèles au sol à la hauteur du cœur devant vous, posez la main droite sur la main gauche, les paumes vers le bas. Ensemble, les bras et les mains forment un triangle qui pointe vers l’avant

Fermez les yeux presque complètement, et posez votre regard sur le bout de votre nez pour maintenir votre concentration.

Dans cette posture, mettez vos lèvres en 'o', et inspirez par la bouche, comme pour « boire » l’air. Remplissez totalement votre poitrine, puis expirez par le nez. Faites cela de façon stable et confortable. La respiration doit être très longue, régulière et automatique. Maintenez le triangle de vos bras et gardez la colonne vertébrale droite.  Participez activement, avec engagement et courage. C’est le moment de consolider vos sens et de vous réaliser.

Continuez ainsi jusqu'à 31 minutes.

« Voyez-vous, vous pouvez toujours changer les choses. Non pas de l'extérieur, mais de l'intérieur, de vous-mêmes. Mais vous ne comprenez pas. Il y a la Terre, et l’Univers tout entier : nous sommes très interactifs, très vastes. Et lorsque nous commençons à faire ces exercices, nous commençons à ressentir ce système. » -Yogi Bhajan

La crise de l'identité et le système « auto-sensoriel »

L'Ère du Verseau et le sens de l’identité


L’entrée progressive dans l’Ère du Verseau met à mal notre sens de l’identité. Ce qui contribuait à définir notre identité jusqu'à présent - genre, statut social, origine ethnique, culture et système de croyances - suffit de moins en moins à nous dire qui nous sommes, à nous le faire ressentir. D'une certaine façon, ces éléments extérieurs nous disaient dès le départ, dès la naissance, qui nous étions. Ils nous fournissaient un récit « clé en main » justifiant notre existence et notre place dans l’Univers. Et faute de récit alternatif, cette justification était absolue, rarement remise en question (à l’échelle de l’individu en tous cas). 

Or la rencontre des peuples, la confrontation de leurs croyances et des leurs récits, le changement d’échelle du village au « village global », la « mondialisation » ont fait perdre à ces récits leur statut d’absolu: ils se sont révélés relatifs. Ce qui était vrai, assez en tous cas pour calmer notre angoisse existentielle, ne l’est plu suffisamment. Il nous faut repartir en quête de l’absolu, d’un sens absolument vrai, de notre identité. Faute de quoi nous nous effondrons, car l’être humain a besoin d’identité.

L'évolution et l’angoisse existentielle


Le lignée du genre Homo

L’être humain est doué de conscience; suffisamment de conscience pour prendre conscience de lui-même (ça, certains animaux en sont capables), mais plus encore: une conscience réflexive, une « conscience d’avoir conscience ». Or la conscience que l’être humain a de lui-même s’accompagne d’un questionnement existentiel permanent, d’une angoisse même, quant à son identité et sa place dans l’Univers. Individuellement, nous avons besoin, impérativement et désespérément besoin, d’un sens de notre identité. Sans cela, nul être humain, nulle société, ne peut survivre, continuer d’exister, prospérer et se projeter dans l’avenir. 

Car sur le long chemin de l’évolution et du développement de la conscience, la première chose dont nous avons pris conscience justement, c’est notre petitesse dans ce vaste univers, notre fragilité par rapport au monde qui nous entoure; la précarité de notre condition et de ce qui justifie notre existence. 

L’Homo Sapiens est issu des primates les plus faibles et les moins spécialisés de la forêt africaine. Et son évolution s’est faite à coup d’accidents évolutifs, d’adaptations opportunistes et forcées à des changements brutaux (climatiques notamment). Ce qui faisait la faiblesse de nos ancêtres hominidés (leur manque de spécialisation) s’est révélé être une force (la capacité à s’adapter, la polyvalence, la plasticité du cerveau…). Car chaque fois qu’une des lignées du genre Homo s’est trop spécialisée, elle s’est éteinte. 

Nos ancêtres ont toujours su s’adapter. Mais cette adaptation s’est faite non pas par le haut, mais par le bas: en restant cachés, en faisant profil bas, en se faisant ignorer. En mangeant ce qui reste et ce dont les autres ne veulent pas. En se maintenant en mouvement, apprenant à renoncer aux meilleures places. En dormant peu, et d’un sommeil angoissé. En comptant sur le groupe parfois, en ne comptant que sur soi-même ailleurs. En prenant parti de leur position des plus humbles sur la chaîne alimentaire; en actant  de leur relative insignifiance sur l’échelle de priorités de la nature et du Cosmos.

Trace de son évolution, Homo Sapiens a bien conscience qu’il est arrivé là un peu par hasard, comme par miracle, par un enchaînement improbable de circonstances; par rien, ou presque, qui dépende positivement de lui. Nous n’avons fait que nous adapter par le bas. 

C’est pourquoi nous sommes des créatures ontologiquement portées vers la question « Qui suis-je » et ses corollaires: « Pourquoi suis-je ? D'où viens-je ? Où sont mes racines, mon ancrage ? Quelle intention transcendante a voulu mon existence ? Suis-je légitime à être ? Cette légitimité à exister est-elle stable ? Qu’est-ce qui la garantit ? Qu’est-ce qui peut m’assurer que ce qui a voulu que j’existe ne changera pas d’avis ? Etc. » 

Portés à la transcendance


Le serpent Wagyl, personnage du Temps du Rêve, mythe fondateur des cultures aborigènes d'Australie.

Ce questionnement est une des raisons qui explique que l’être humain est naturellement tourné vers le Cosmos, la transcendance, le mystère du vaste ciel étoilé, comme possible sol où plongent ses racines. Car si ce n’est pas là, dans cette volonté, suprême et toute-puissante, que notre existence trouve son origine, alors nous n’avons pas d’ancrage: livrés à nous-mêmes, illégitimes car issus d’un hasard capricieux, et propres à être éliminés du jour au lendemain. Perspective des plus déprimantes, et sur laquelle rien ne peut s’appuyer. 

D'où la tendance naturelle, et observée partout, des sociétés humaines à s’appuyer sur des mythes de la création. Autant de récits qui nous donnent la certitude d’avoir une légitimité, une raison d’être. Jusqu'à très récemment, ces mythes étaient gravés dans notre psyché au travers: ces récits fondateurs étaient non seulement dit, mais régulièrement « joués », mis en gestes, en mouvement, en paroles, en chants, en musique, en respirations, en émotions… encodés dans notre système neurochimique lors de cérémonies et rites de passages qui les donnaient à vivre et à revivre. Vrais, car expérimentés, vécus intimement en chacun-e. Et vécus à nouveau l’année suivante, au prochain solstice, ou à la prochaine naissance, car il fallait en permanence réactiver le récit fondateur pour combattre les assauts insistants, le travail de sape, du doute existentiel. 

Ces mythes devinrent des systèmes de croyances, des formes d’adoration (pour se concilier l’appui des forces supérieures) et, plus tard, des religions voire des systèmes politiques. Discutables mais d’une relative efficacité… jusqu'à ce qu’ils soient radicalement remis en question.

La « sensitivité à soi » pour redéfinir son identité


Au contact de soi.

La transition actuelle vers l’Ère du Verseau constitue un profond changement de paradigme, qui vient fragiliser un sens de l’identité déjà précaire par nature. Elle accentue notre questionnement qui, immanquablement, se transforme une crise existentielle profonde. Et les crises de ce type, chez un être humain, se manifestent principalement par une anxiété sans solution, sans réponse, glissant lentement mais sûrement vers la dépression. 

La nature collective et progressive de cette dégradation la rend difficilement perceptible au niveau individuel. C’est pourquoi Yogi Bhajan a qualifié cette dépression de « froide »: une perte graduelle de sa sensitivité personnelle, du contact intime avec soi (et avec les autres), de sa capacité à ressentir quoique ce soit de significatif.

Or la sensitivité est précisément la clé du problème: car lorsqu'on ne trouve plus autour de soi de quoi confirmer sa propre identité, c’est vers l’intérieur qu’il faut se tourner, pour trouver en soi le ressenti de sa propre existence, seule réponse valable à la question « qui suis-je ». Le « système auto-sensoriel », tel que Yogi Bhajan l’appelé, est une utilisation particulière de son système sensoriel et, au-delà, de sa sensitivité. Si celui-ci est ordinairement tourné vers l’extérieur pour nous relier au monde qui nous entoure, on peut aussi le tourner vers soi-même, pour se relier à soi-même. C’est la même sensitivité qui est à l’œuvre: il s’agit juste de la condenser et de la diriger vers l’intérieur. Tout comme la lumière blanche, diffuse et rayonnant dans toutes les directions, peut être rassemblée en un rayon cohérent (le laser).

Une réponse intelligente à la crise existentielle actuelle consistera donc à stimuler sa sensitivité, celle-là même que l’on voudrait éteindre pour ressentir moins d’angoisse et de doute. Et utiliser sa sensitivité pour faire l’expérience de « j’existe ». Une expérience dynamique, mouvante, vivante, de sa propre identité; et non une définition statique, intellectuelle, extérieure, de soi-même. É-motionnelle plus que mentale (c’est pourquoi Yogi Bhajan parle de l’importance d’avoir un « noyau émotionnel » pour définir son identité). Ressentie à force d’être parcourue et expérimentée, et non définie « une bonne fois pour toutes » (pour ne plus avoir à y revenir). Un récit qui se passe de symboles; un récit sans images, pour être plus direct, plus authentique. Une identité non pas formulée dans sa tête, mais ressentie dans son propre cœur.
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Yogi Bhajan a enseigné quelques pratiques méditatives spécifiques pour stimuler le système auto-sensoriel. En voici une
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